SURPLUS D'ÉLECTRICITÉ

Des surplus qui font réagir

L’analyse publiée hier concernant les énormes surplus d’électricité d’Hydro-Québec et les coûts qu’ils engendreront pour les Québécois d’ici 2021 (7,9 milliards) ont soulevé beaucoup de réactions. En voici certaines.

« LES SURPLUS NE SONT PAS UN PROBLÈME »

Philippe Couillard premier ministre du Québec

« Tout d’un coup, on dit qu’il y a trop d’énergie, alors c’est un problème… Non, ce n’est pas un problème. N’ayons pas une vue aussi statique. Si on avait juste une aluminerie de plus au Québec – et il y a des projets – ou une grande mine de fer de plus au Québec – et il y a des projets –, il n’y aurait plus de surplus. Alors, ayons une vision plus à long terme. Et prenons garde de ne pas prendre de décision précipitée qu’on pourrait regretter plus tard.

« Quand je me promène à l’extérieur du Québec et que j’explique à nos voisins, que ce soit en Ontario ou en Nouvelle-Angleterre, que le Québec fait partie du paysage énergétique canadien parce qu’on est le quatrième producteur mondial d’électricité, qu’on a des surplus, qu’on est prêts à offrir bien sûr commercialement à nos voisins, je peux vous dire que c’est très bien accueilli comme message. Alors, ça fait partie de nos avantages compétitifs. »

« Les gens de l’Ouest ont leur pétrole et nous, on a l’électricité. Et il faut s’en servir. » 

— Propos recueillis par Hugo De Grandpré

IL FAUT RENONCER AUX NOUVEAUX PROJETS

Roger Lanoue et Normand Mousseau  coprésidents de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec

« Les décisions concernant le développement de l’énergie éolienne, des petites centrales hydroélectriques et même de la Romaine coûteront très cher aux Québécois.

« Compte tenu des faibles prix à l’exportation, les Québécois, comme clients et comme contribuables, se retrouvent à subventionner les clients étrangers d’Hydro-Québec. Cette situation n’est pas près de changer : il est de plus en plus difficile et coûteux de déployer de nouvelles lignes de transport et, si on se fie aux prévisions américaines, le gaz naturel devrait rester abondant durant encore plusieurs années sur le continent.

« Il faut donc renoncer aux nouveaux projets, à moins d’acheter la nouvelle énergie éolienne, hydroélectrique ou de biomasse à un prix qui s’approche du prix du marché en période hors pointe [3 cents le kilowattheure]. Ce prix est bien inférieur aux prix actuels. Pour compenser l’effet négatif de l’arrêt des projets éoliens sur l’économie de régions comme la Gaspésie, le gouvernement devrait soutenir vigoureusement le développement d’industries en efficacité énergétique. »

DES SURPLUS POUR LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE

Jean-François Samray  PDG, Association québécoise de la production d’énergie renouvelable

« Les surplus d’Hydro-Québec ne représentent qu’un peu plus de 1 % des ventes, ce qui permet de les utiliser pour faire du développement économique. À titre d’exemple, IBM annoncera l’ouverture d’un Data Center au Québec dans les prochaines semaines. Ce type d‘établissement consomme énormément d’électricité et vient, en quelque sorte, remplacer les papetières qui ont fermé. C’est l’économie du futur. Hydro-Québec a acheté pour 500 millions de dollars d’énergie pour passer au travers de l’hiver. N’eût été de l’éolien, ces achats auraient été bien supérieurs.

« De plus, les caisses de retraite et institutions financières québécoises investissent de plus en plus dans les parcs éoliens. Cela leur permet d’obtenir des rendements à long terme stables qui seront versés aux retraités d’ici. »

UNE LOGIQUE INCOMPRÉHENSIBLE

Marcel Chartrand contribuable de Chelsea

« J’ai lu et relu vos textes pour ne rien comprendre à la logique de nos élus. C’est si facile de dépenser l’argent des autres pour plaire à des intérêts qui ne sont pas des électeurs. Comment arriverons-nous à faire comprendre ça à ceux qui nous gouvernent ? Pendant que le gouvernement nous impose des restrictions sévères, il s’amuse à dépenser sournoisement sous le prétexte de création d’emplois aux frais des contribuables. Ça dépasse le bon sens. »

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